La Libreta, livret d’approvisionnement (et non de rationnement), est le carnet grâce auquel tous les membres d’une famille peuvent acheter chaque mois un ensemble de produits alimentaires subventionnés (largement) par l’État cubain.
Elle a été officiellement établie le 12 juillet 1963.
C’était une réponse aux mesures appliquées contre le gouvernement révolutionnaire et le peuple cubain par l’administration étasunienne qui, très vite après le triomphe de la Révolution, a interrompu pratiquement tout approvisionnement de Cuba en denrées alimentaires et autres articles ménagers.
Elle est délivrée par noyau familial. Au début, elle réglementait les denrées alimentaires et les autres produits de première nécessité, elle s’est ensuite étendue aux vêtements et aux chaussures, ainsi qu’aux produits de toilettes et de nettoyage. L’objectif était de protéger tous les Cubains, que personne ne soit laissé à l’abandon.
Elle permet à tout Cubain, quel que soit son âge, sa situation professionnelle, d’acheter de la nourriture à très bas prix.
Tous les enfants cubains reçoivent dès la naissance une compote par jour pendant leur première année et, jusqu’à l’âge de 7 ans, un litre de lait par jour.
La libreta donne aussi aux personnes malades la possibilité d’acheter du lait ou de la viande rouge pour leur régime spécial.
Avec l’effondrement du camp socialiste, la crise économique qui a touché l’Île a contraint le gouvernement cubain à éliminer un nombre croissant de produits alimentaires, dont le lait pour les personnes âgées, de même que les produits industriels. La libreta ne permettait plus de subvenir à tous les besoins alimentaires d’une famille.
Que se passe-t-il en ce moment ? Cuba fait face à une nouvelle crise économique : pandémie, crise économique mondiale, mais surtout renforcement du blocus étasunien et inscription de Cuba sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, ce qui lui coupe l’accès aux banques et aux financements, sans parler de la baisse du tourisme, l’une des premières sources de revenus. Le gouvernement cubain a donc du mal à financer les produits qui composent le « panier alimentaire de base » : moins de produits, des retards dans l’arrivage et la distribution, la libreta ne remplit plus son rôle de protection de la famille cubaine et cela crée du mécontentement parmi la population la plus démunie (et c’est bien là l’objectif du blocus : que la population, face aux pénuries, se retourne contre son gouvernement).
Face à cette situation, l’idée de supprimer la Libreta pour les personnes qui ont de bons revenus (et il y en a…) et répartir plus d’aliments aux personnes aux plus bas salaires et pensions est dans l’air, mais c’est tout un symbole de la Révolution auquel beaucoup restent attachés.
Ces quelques lignes pour tous ceux qui présentent la Libreta comme un instrument diabolique du gouvernement cubain.
Non, les Cubains ne sont pas rationnés : on distribue égalitairement à chacun ce que le Budget de l’État peut acheter, et c’est une grande différence, même si en ce moment la situation est bien compliquée.
#cubalinda
